Mythes et réalités : L’entraînement chez les enfants

L’entraînement des enfants et des ados est-ce mauvais ?

Depuis plusieurs années, l’entraînement en musculation avant la puberté (12-14 ans) suscite plusieurs questionnements ?

Est-ce que c’est dangereux pour les blessures ? Est-ce que cela va nuire au développement des os et de la croissance ? Est-ce que ça peut nuire aux performances sportives ? Est-ce mieux d’attendre après la puberté avant de commencer l’entraînement ?

Mais posons-nous les bonnes questions…

D’où provient cette réflexion ? D’où provient cette peur ou ce désir de protection ? Quelles sont les preuves de ces effets néfastes ? Manquons-nous de connaissances à ce sujet ?

Entant qu’entraîneur, nous entendons souvent ces interrogations. Ainsi, ce texte a pour but d’apporter des réponses à l’un des plus gros mythes du monde de l’entraînement chez les jeunes.

 Nous devrions peut-être réfléchir davantage à :

Quels sont les risques associés à l’inactivité physique pour mon enfant ? Au manque de force physique et au lien avec la solidité des os ? Quels sont les  risques associés  à un haut taux de tissu adipeux ?

Quels sont les bénéfices ? 

Nous savons désormais que l’entraînement avant la puberté (12-14 ans) améliore la composition corporelle, la force, la puissance, l’endurance aérobique (ex : courir longtemps) et l’anaérobie ex : courir vite, changement de direction. 

Nous savons aussi que les risques de blessures sont minimes si l’encadrement est adéquat et si les principes de progression sont respectés. Tout comme chez l’adulte.

 


L’entraînement en résistance ou les sports qui comportent des impacts répétés augmentent la densité de la masse osseuse. Ce qui est super utile pour prévenir toutes sortes de blessures.

 Le développement de la force et de la puissance est possible avant la puberté (pic des hormones sexuelles). Cela se fait principalement par le gain en coordination et l’amélioration du système nerveux et non par le gain en volume musculaire.

 


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Ainsi les besoins des enfants diffèrent en termes d’intensité par rapport aux adultes. Les méthodes d’entraînement utilisées peuvent être similaires.

Enfin, les filles ont tendance à s’améliorer plus que les garçons avant l’âge de 12 ans. Par la suite les garçons connaissent une augmentation drastique de leurs capacités. Par contre, les filles continuent de s’améliorer par la suite, mais plus tranquillement.

 

Comment faire ? :

La prescription d’entraînement autant chez l’enfant, l’adulte ou l’aîné dépend de plusieurs facteurs.

  • Croissance

  • Maturité physique

  • Grandeur, poids

  • Puberté

  • Expérience

  • Habiletés

  • Niveau d’activité physique

  • Composition corporelle

  • Niveau de force

  • Niveau de progression (variété, charge, intensité, fréquence).

Les bénéfices d’être actifs physiquement et de la mise en charge musculaire sont indéniables à tous âges. Tous sont définitivement gagnant de s’adonner à la musculation.

Par contre, il est préférable de confier tout encadrement physique à un professionnel qui sera en mesure d’analyser ces multiples facteurs afin de tirer le maximum de bénéfices.

À quoi ça devrait ressembler ?

Enfant actif (0-7 ans) : Au premier stade, il faut introduire l’amour des sports et de l’activité physique avec une emphase sur le jeu. Il est vital pour l’enfant d’apprendre le contrôle de son corps. C’est aussi à cet âge que les gains en souplesse sont favorables. Les parents doivent faire en sorte que les activités physiques quotidiennes soient amusantes, mais doivent aussi laisser à leurs enfants la liberté d’avoir des activités non structurées.


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Apprendre à s’entraîner (7-10 ans) : À cette étape nous voulons mettre l’emphase sur le développement des habiletés motrices (agilité, équilibre, coordination, rythme, orientation spatiale et temporelle, vitesse, dextérité) et introduire les notions techniques de l’entraînement (séries, répétitions tempo) avec un accent sur l’exécution du mouvement.

Apprendre la compétition (10-13) ans : Il est important à ce stade d’entraîner la condition physique de base en profondeur (vitesse, force, endurance et flexibilité).  Il est aussi possible d’augmenter progressivement la mise en charge, l’intensité et de la variété des mouvements. L’exécution des gestes techniques des sports et de l’entraînement devrait être maîtrisée. Il s’agit du moment clé pour le développement de la vitesse.


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S’entraîner à la compétition (13-16) ans : Il s’agit de la fenêtre pour développer les aptitudes d’aérobie et la force maximale. C’est à cette étape que les gestes spécifiques aux sports sont introduits. Il s’agit d’une étape cruciale pour augmenter sa confiance et son sentiment de compétence physique. C’est aussi un bon moment pour l’enfant d’apprendre certaines des leçons de ses succès et de ses échecs.

Compétition (16-20 ans +) :   À cet âge le corps humain arrive à sa maturité physique. Son développement est donc similaire à l’adulte. Nous devons profiter de cette opportunité pour maîtriser pleinement les habiletés techniques nécessaires à l’entraînement en force, en puissance et au sport. 

Vie active (à tout âge):  L’objectif est ici de garder une relation saine et constante avec les activités physiques tout au long de notre vie. Peu importe votre niveau actuel, il n’est jamais trop tard pour commencer à nouveau le sport. Il n’existe pas de meilleur moment.

Spécialisation : La pratique de plusieurs sports et activités physiques variées durant tous ces stades est nécessaire pour atteindre le plein potentiel de l’enfant. Or, la spécialisation en bas âge d’un sport en particulier aurait l’effet contraire. Cela contribuerait à un plus fort taux de décrochage et à l’arrêt complet des activités. 

 

Le rôle des parents ?

Les parents jouent un rôle de collaboration avec l’entraîneur qui dirige le développement de l’athlète dans son sport. Les parents devraient prioriser de soutien émotif, et être conscient du niveau de développement de leur enfant et l’objectif de chaque stade.

 

Une des contributions importantes des parents au développement de l’athlète est de servir de modèle positif pour son enfant. D’autre part, il est responsable de fournir à l’enfant un régime alimentaire équilibré qui lui permettra de soutenir leurs efforts. 

Enfin le parent devrait encourager l’enfant à participer aux sports et à l’activité physique toute sa vie durant et, en particulier aux premiers stades de développement.

 

En résumé : 


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Nous savons désormais que l’entraînement en musculation ou en résistance n’est pas dangereux pour la croissance des enfants et que leur pratique ne représente qu’un très faible risque de blessure. Dès l’âge de 7 ans, il est possible de débuter la mise en charge en favorisant la technique et l’exécution des mouvements.

Finalement, si l’entraînement serait dangereux pour qu’elle raison plusieurs sports de spécialisation tel que l’haltérophilie, la gymnastique et le patinage artistique emploieraient cette méthode dès la phase apprendre à s’entraîner (7-10 ans) ??? Pensons-y bien…

 


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Bibliographie: 

  1. The athletic skills model, Wormhoudt. R, Savelsbergh. G, Teunissen. J.W, Davids. K. 2018, ASM : athletic skills model. éditions Routledge, New-York, 279p.

  2. Physiologie du sport et de l’exercice 4e édition,  Wilmore. J, Costill. L, Kenney.L. 2009,Centre de médecine du sport CCAS, éditions de Boeck, Paris, 525p.

  3. Développement à long terme de l’athlète – Au Canada, le sport c’est pour la vie document de référence 2.0, Istvan Balyi, Richard Way, Dr. Colin Higgs, Dr. Steve Norris et Charles Cardinal. 2014, Publié par l’Institut canadien du sport (Pacifique), version pdf.     ISBN 978-1-927921-02-9